VII.
Quand sur votre poitrine il jeta sa médaille,
Ses rubans et sa croix, après cette bataille
Et ce coup de lacet,
Ô soldats dont l’Afrique avait hâlé la joue,
N’avez-vous donc pas vu que c’était de la boue
Qui vous éclaboussait ?
Oh ! quand je pense à vous, mon œil se mouille encore !
Je vous pleure, soldats ! je pleure votre aurore,
Et ce qu’elle promit.
Je pleure ! car la gloire est maintenant voilée
Car il est parmi vous plus d’une âme accablée
Qui songe et qui frémit !
Ô soldats ! nous aimions votre splendeur première ;
Fils de la république et fils de la chaumière,
Que l’honneur échauffait,
Pour servir ce bandit qui dans leur sang se vautre,
Hélas ! pour trahir l’une et déshonorer l’autre,
Que vous ont-elles fait ?
Après qui marchez-vous, ô légion trompée ?
L’homme à qui vous avez prostitué l’épée,
Ce criminel flagrant.
Cet aventurier vil en qui vous semblez croire,
Sera Napoléon le Petit dans l’histoire,
Ou Cartouche le Grand.
Armée ! ainsi ton sabre a frappé par derrière !
Le serment, le devoir, la loyauté guerrière,
Le droit aux vents jeté,
La révolution sur ce grand siècle empreinte,
Le progrès, l’avenir, la République sainte,
La sainte Liberté.
Pour qu’il puisse asservir ton pays que tu navres,
Pour qu’il puisse s’asseoir sur tous ces grands cadavres,
Lui, ce nain tout-puissant.
Qui préside l’orgie immonde et triomphale,
Qui cuve le massacre et dont la gorge exhale
L’affreux hoquet du sang !