Élégie VIII.
Par tes yeux si beaux sous les voiles
De leurs franges de longs cils noirs,
Soleils jumeaux, doubles étoiles,
D’un cœur ardent ardents miroirs ;
Par ton front aux pâleurs d’albâtre,
Que couronnent des cheveux bruns,
Où l’haleine du vent folâtre
Parmi la soie et les parfums ;
Par tes lèvres, fraîche églantine,
Grenade en fleur, riant corail
D’où sort une voix argentine
A travers la nacre et l’émail ;
Par ton sein rétif qui s’agite
Et bat sa prison de satin,
Par ta main étroite et petite,
Par l’éclat vermeil de ton teint ;
Par ton doux accent d’Espagnole,
Par l’aube de tes dix-sept ans,
Je t’aimerai, ma jeune folle,
Un peu plus que toujours,—longtemps !