Sonnet.
Le dieu du laboureur est comme un très vieux roi
De chair et d’os, seigneur du champ qu’il ensemence ;
Le dieu de son curé règne aussi, mais immense,
Trois fois unique, esprit, fils et père de soi ;
Le déiste contemple un pur je ne sais quoi
Lointain, par qui le monde, en s’ordonnant, commence ;
Et le savant qui rit de leur sainte démence
Nomme son dieu Nature et n’en fait qu’une loi ;
Kant ne sait même plus si quelque chose existe,
Et Fichte, usurpateur du temple vide et triste,
Se divinise afin qu’un dieu reste debout.
Ainsi roulent toujours, du néant aux idoles,
Du blasphème aux credo, les multitudes folles !
Dieu n’est pas rien, mais Dieu n’est personne : il est Tout.