À Alphonse Thévenin.
J’ai dans mon cœur, j’ai sous mon front
Une âme invisible et présente :
Ceux qui doutent la chercheront ;
Je la répands pour qu’on la sente.
Partout scintillent les couleurs,
Mais d’où vient cette force en elles ?
Il existe un bleu dont je meurs,
Parce qu’il est dans les prunelles.
Tous les corps offrent des contours,
Mais d’où vient la forme qui touche ?
Comment fais-tu les grands amours,
Petite ligne de la bouche ?
Partout l’air vibre et rend des sons,
Mais d’où vient le délice intime
Que nous apportent ces frissons
Quand c’est une voix qui l’anime ?
J’ai dans mon cœur, j’ai sous mon front
Une âme invisible et présente :
Ceux qui doutent la chercheront ;
Je la répands pour qu’on la sente.