Est-il poitrine, où batte un cœur de chair et flamme,
Qu’une lame, ou la griffe, aille ouvrir et piller,
Est-il océan, lac ou fleuve que la rame,
Ou l’hélice, aille en flots, sans trace, éparpiller,
Est-il poitrine ou fleuve ou lac ou océan
Ou terre, aussi fendue à renfort de charrues,
Qui ne puissent livrer des moissons et, béants,
Le noyé, le poisson, l’épave disparue ?
Mieux, le trésor caché, le bijou, l’or, la gemme,
Plutôt que le cadavre et le vide tombeau
Et, plutôt que l’épi, né du grain que l’on sème,
Le métal par la rouille échappant au corbeau.
Quel poignard fouillera votre ventre et vos seins,
Rosemonde
Sabine,
Hyppolite,
Andromède ?
Quel chercheur d’or, quel outlaw, quel assassin
En vous dépossédant dira qui vous possède ?
Qu’il illumine les ténèbres des cavernes,
Qu’il jaillisse du flanc d’une épave, à vau-l’eau,
Ou qu’une source apporte, aux lumières modernes,
L’éclat des vieux soleils serti dans un joyau,
Que le profil d’un roi, sans regard, sans odeur
S’y multiplie en vain contre la pourriture,
Ou que l’heure s’y
Use, à des cadrans à fleurs,
Mais arrêtée au seuil d’une longue aventure,
Qu’importe, jaillissant des conques et des cornes,
Il recèlera plus de chair que de métaux,
Une chair odorante, aux corridors sans bornes
Vers une aube brillant comme un fil de couteau.
L’homme, au moment qu’il sent la saveur des cailloux
Dans sa bouche, habituée à la saveur des lèvres,
Arrête le voyage, au rythme de son pouls
Commencé dès les jours de jeunesse et de fièvres.
Il se sent désormais soudé à sa monture,
Centaure poursuivant un gibier reconnu
Insaisissable.
Il le poursuit, dans ses pâtures,
Non plus par besoin, mais par désir, d’inconnu.
Ivresse !
Le courant, le cortège, les jours
Le font participer au mouvement du monde.
Au-delà de la joie, au-delà du retour
La vie et le destin le portent sur leurs ondes.
Mais vous, où courez-vous, femmes en proie à l’âge,
Quelle image de vous guettez-vous aux miroirs
Chaque jour plus profonds, encombrés de naufrages,
Quel trésor cherchez-vous pour payer votre espoir ?
Le carnaval s’approche avec ses cheveux blancs
Et le trésor, cherché à travers les années,
Ce sont des grelots creux et des masques branlants
Qui vous cachent le sol sur quoi vous êtes nées