Pierre Corneille

Épigrammes

Traduites du latin d’Audoenus (Owen).
 
LIV. I, . Ép. 30.
 
Jeanne, toute la journée,
Dit que le joug d’hyménée
Est le plus âpre de tous ;
Mais la pauvre créature,
Tout le long de la nuit, jure
Qu’il n’en est point de si doux.
 
Liv. I, . Ép. 145.
 
Les huguenotes de Paris
Disent qu’il leur faut deux maris,
Qu’autrement il n’est en nature
De moyen par où, sans pécher,
On puisse, suivant l’Écriture,
Se mettre deux en une chair.
 
Liv. II, . Ép. 47.
 
Catin, ce gentil visage,
Épousant un huguenot,
Le soir de son mariage,
Disait à ce pauvre sot :
De peur que la différence
En fait de religion,
Rompant notre intelligence
Nous mette en division ;
Laisse-moi mon franc arbitre,
Et du reste de la foi,
Je veux avoir le chapitre,
Si j’en dispute avec toi.
 
Liv. II, . Ép. 88.
 
Depuis que l’hiver est venu
Je plains le froid qu’Amour endure,
Sans songer que plus il est nu
Et tant moins il craint la froidure.
 
Liv. III, . Ép. 65.
 
Dans les divers succès de la fin de leur vie,
Le prodigue et l’avare ont de quoi m’étonner ;
Car l’un ne donne rien qu’après qu’elle est ravie,
Et l’autre après sa mort n’a plus rien à donner.
 
Liv. III, . Ép. 124.
 
Lorsque nous sommes mal, la plus grande maison
Ne nous peut contenir, faute d’assez d’espace ;
Mais, sitôt que Phylis revient à la raison,
Le lit le plus étroit a pour nous trop de place.

Poésies diverses

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