Paul Verlaine

Quand tu me racontes les frasques

Quand tu me racontes les frasques
De ta chienne de vie aussi,
Mes pleurs tombent gros, lourds, ainsi
Que des fontaines dans des vasques,
Et mes longs soupirs condolents
Se mêlent à tes récits lents.
 
Tu me dis tes amours premières :
Fille des champs avec des gars,
Puis fille en ville aux fols écarts
Et les trahisons coutumières
Et mutuelles sans remord
Des deux parts et comme d’accord.
 
Tout d’un coup un caprice vite
Mûri, par l’us, en passion
Sauvage, tel l’humble scion
Grandissant en palme subite
Qu’agiterait dans quelque vert
Paysage un vent du désert.
 
Fidèle, toi, l’autre, infidèle.
Toi douloureuse, lâche, enfin
Furieuse, soûle du vin
Du vice, essorant d’un coup d’aile
Ton cœur comme un aigle blessé,
Mais sans pouvoir fuir le passé...
 
Je t’écoute, et ma pitié toute.
Toute mon admiration,
Une indicible affection,
Sinon celle d’un pur amour
Te vont de moi par quelle route
Qui souffrirait, chère, à son tour,
 
Qui souffrira, j’en ai la crainte.
Qui souffre déjà, tu le sais,
Toi parfois mauvaise à l’excès.
Charmante aussi comme une sainte
Envers ce moi, bon vieil amant,
Le dernier, hein, probablement ?
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