Paul Verlaine

Ô toi triomphante

Ô toi triomphante sur deux
« Rivales » (pour dire en haut style).
Tu fus ironique,—elles... feues—
Et n’employas d’effort subtil
Que juste assez pour que tu fus—
Ses encor mieux, grâce à cet us
 
Qu’as de me plaire sans complaire
Plus qu’il ne faut à mes caprices.
Or je te viens jouer un air
Tout parfumé d’ambre et d’iris,
Bien qu’ayant en horreur triplice
Tout parfum hostile ou complice,
 
Sauf la seule odeur de toi, frais
Et chaud effluve, vent de mer
Et vent, sous le soleil, de prées
Non sans quelque saveur amère
Pour saler et poivrer ainsi
Qu’il est urgent, mon cœur transi.
 
Mon cœur, mais non pas ma bravoure
En fait d’amour ! Tu ressuscite–
Rais un défunt, le bandant pour
Le déduit dont Vénus dit : Sit !
Oui, mon cœur encore il pantèle
Du combat court, mais de peur telle !
 
Peur de te perdre si le sort
Des armes eût trahi tes coups.
Peur encor de toi, peur encore
De tant de boudes et de moues.
Quant aux deux autres, ô là là !
Guère n’y pensais, t’étais là.
 
Iris, ambre, ainsi j’annonçai
—Ma mémoire est bonne—ces vers
A ta victoire fière et gaie
Sur tes rivales somnifères.
Mais que n’ont-ils le don si cher,
Si pur ? Fleurer comme ta chair !

"Odes en son honneur (1893)"

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