Paul Verlaine

Dernier espoir

Il est un arbre au cimetière
Poussant en pleine liberté,
Non planté par un deuil dicté, -
Qui flotte au long d’une humble pierre.
 
Sur cet arbre, été comme hiver,
Un oiseau vient qui chante clair
Sa chanson tristement fidèle.
Cet arbre et cet oiseau c’est nous :
 
Toi le souvenir, moi l’absence
Que le temps – qui passe – recense...
Ah, vivre encore à tes genoux !
 
Ah, vivre encor ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur...
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?

Le livre posthume (1893)

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