Maurice Rollinat

La tache blanche

Dure au mordant soleil, longtemps épanouie
Aux grands effluves lourds et tièdes du vent plat,
La neige, ayant enfin fléchi, perdu l’éclat,
Venait de consommer sa fonte sous la pluie.
 
L’espace détendu ! le bruit désemmuré !
Et les cieux bleus, enfin ! pour mes regards moroses,
Avides de revoir le vieil aspect des choses,
Tout surgissait nouveau du sol désengouffré.
 
             Soudain, au creux d’un ravin noir,
             Un soupçon de neige fit voir
             Sa tache pâle, si peureuse
 
             Que je me figurai, songeur,
             Un dernier frisson de blancheur
             Au fond d’une âme ténébreuse !

Paysages et paysans (1899)

#ÉcrivainsFrançais

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