Marceline Desbordes-Valmore

C’est moi

     Si ta marche attristée
     S’égare au fond d’un bois,
     Dans la feuille agitée
     Reconnais-tu ma voix ?
Et dans la fontaine argentée,
Crois-tu me voir quand tu te vois ?
 
     Qu’une rose s’effeuille,
     En roulant sur tes pas,
     Si ta pitié la cueille,
     Dis ! ne me plains-tu pas ?
Et de ton sein, qui la recueille,
Mon nom s’exhale-t-il tout bas ?
 
     Qu’un léger bruit t’éveille,
     T’annonce-t-il mes vœux ?
     Et si la jeune abeille
     Passe devant tes yeux,
N’entends-tu rien à ton oreille ?
N’entends-tu pas ce que je veux ?
 
     La feuille frémissante,
     L’eau qui parle en courant,
     La rose languissante,
     Qui te cherche en mourant ;
Prends-y garde, ô ma vie absente !
C’est moi qui t’appelle en pleurant.

Romances (1830)

#ÉcrivainsFrançais

Otras obras de Marceline Desbordes-Valmore...



Arriba