Thérèse, Adeline BLAISE LEMAIRE

TÉMOIGNAGE DE LA CAMPAGNE

La vie d'un agriculteur et de son épouse
Atelier d'écriture avec Roseline, à Commercy

Ces mains que tu regardes. . . Sais-tu ? Si elles pouvaient te dire la vie qu’elles ont vécue...
Dès que l’âge de neuf ans est arrivé... !
Elles ont déposé sur la table les assiettes, les verres, le pain, les couverts, l’eau de la carafe, quelquefois une cruche de vin pour les repas ; elles ont bien sûr épluché les légumes et pommes pour le dessert ! Elles ont balayé les parquets dans les pièces de la maison, donné à manger aux lapins avant de cueillir les pissenlits dans les champs pour ces braves bêtes qui remuaient leurs oreilles de contentement et leur museau, ramassé les œufs dans les nids du poulailler...
Puis à onze ans, nos petites mains ont tiré les mamelles du pis des vaches qui, nerveuses bougeaient un peu fort et renversaient le lait !  Elles ont nettoyé le sol des petits porcelets, ajouté de la paille avec laquelle ils jouaient, lavé le linge à la rivière l’été, notre petit linge personnel.
Au printemps surtout, au bord du ruisseau qui coulait en cascade sur les pierres, on frottait notre petit linge personnel sortant de la lessiveuse sur une large planche posée sur les cailloux ; les buissons début mai étaient couverts de fleurs blanches, les alouettes pas très loin chantaient au soleil et nous avions le petit baquet pour nos genoux et le coussin, la brosse et le savon sans oublier le chapeau pour le soleil... Puis d’autres occupations nous attendaient : chercher les vaches pour la traite matin et soir... quand ces dames ne se décidaient pas à venir, elles couraient comme des folles pour nous retarder, en faisant le tour de l’enclos... L’hiver, la traite se tenait dans l’étable, au chaud.
A la maison, le ménage demandait un balayage quotidien pour la grande cuisine. Les parquets des chambres, cirés, la mise en ordre des lits défaits, la poussière à enlever... le parquet à l’entrée de la pièce était tapissé de tricots usés qui servaient de patinettes !
Le Printemps demandait la bêche et les bras à notre époque, pour le jardin, dès fin mars pour les futures plantations !
A DIX ans, la dînette avec nos poupées était terminée sous les sureaux !
Notre vie d’adulte commençait.

Tous ces travaux changeaient au fil des saisons.
Les chevaux qui travaillaient le sol au printemps tiraient la charrue pour la moisson future avec les semailles. Sans compter début mai, les betteraves à éclaircir pour la grosseur à venir.
La fenaison arrivait à la mi-juin, suivant la hauteur de l’herbe dans les près, la faucheuse suivie par une racleuse sur deux roues, tirée par un cheval qui produisait des rouleaux pas encore secs.  Suite à ces monticules en rangées, il fallait composer des petits tas d’herbe arrondis, que le soleil séchait et qui reviendraient dans les granges sur les remorques à l’époque tirées par des chevaux.

Puis une avancée !  L’arrivée du tracteur en 1958, notre premier achat d’occasion bien sûr et sa charrue !  Avec l’emprunt des jeunes agriculteurs notre râteau faneur et notre presse neuves. . . foin, paille étaient en bottes bien rangées pour l’hiver et le bétail.
L’automne nous retrouvait pour l’arrachage des betteraves, déposées dans un silo recouvert de paille et de terre pour le gel de l’hiver ; fin octobre on remplissait les brouettes à partager dans les auges de pierre devant les animaux.

L’hiver était bien occupé avec l’entretien du matériel ayant servi à la belle saison, de plus l’enlèvement des déchets de tous ces animaux !

Pour la moisson, l’achat d’une moissonneuse s’imposait ! Il fallait profiter du beau temps !  Elle était en bon état... Le remplissage des grains qui descendaient de la machine et tombaient dans des grands sacs de toile pour maintenir leur poids, et reposaient sur une plateforme attenant à la machine.
Quel progrès à côté de nos anciens !
Le lait était notre ressource principale, plus la vente d’animaux suivant leur âge. Les vaccins étaient là pour prévenir les épidémies !
Mon mari réparait le matériel usé par les travaux d’été et autres...
Le repos le dimanche était que l’on soit de retour pour la traite du soir !
Des personnes formées pour le remplacement des agriculteurs malades, c’était vraiment une belle initiative qui rendait bien des services. De la retraite à 63 ans pour cause de santé et la fin de sa vie avant ses 80 ans avec une santé précaire.
Mon mari est parti au printemps vaincu par cette triste maladie... le cancer à l’estomac qui continue son chemin chez 50% de personnes ? Peut-être un jour sera-t-il vaincu ? Je l’espère pour les générations à venir...

J’ai voulu vous offrir d’une façon réaliste la vie agricole de France, avant les prix taxés pour les produits venant de nos campagnes ; et le prix du label, une petite récompense ou reconnaissance ? L’avenir le dira.

Malgré le matériel sophistiqué, plusieurs années sont nécessaires pour effacer les emprunts et les remboursements.  Le mot économie est à l’ordre de chaque jour chez les agriculteurs raisonnables.  Que ce soit céréales, animaux, les mouvements de la nature en folie !
Les vacances sont des rêves mouvants ? Le mot courage, travail, abnégation est à l’ordre du jour et beaucoup de vigilance !  Vacances courtes, oui, et réfléchies pour une détente de rêves ? Je le souhaite à tous ces jeunes pleins d’espoir.  Le monde rural malgré le progrès demande beaucoup de compétences, réflexions et de courage dans ce monde qui veut gérer le climat qui est si fragile !!!

Le mot prudence est de tous les siècles.

Janvier 2024

#Ecriture

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