Sonnet C.
Ursin, quand j’oy nommer de ces vieux noms romains,
De ces beaux noms connus de l’Inde jusqu’au More,
Non les grands seulement, mais les moindres encore,
Voire ceux-là qui ont les ampoules aux mains :
Il me fâche d’ouïr appeler ces vilains
De ces noms tant fameux, que tout le monde honore :
Et sans le nom chrétien, le seul nom que j’adore,
Voudrais que de tels noms on appelât nos saints.
Le mien surtout me fâche, et me fâche un Guillaume,
Et mille autres sots noms communs en ce royaume,
Voyant tant de faquins indignement jouir
De ces beaux noms de Rome et de ceux de la Grèce :
Mais par sur tout, Ursin, il me fâche d’ouïr
Nommer une Thaïs du nom d’une Lucrèce.