Sonnet XC.
Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
Pour couvrir leur trahison d’une humble privauté,
Ni pour masquer leur teint d’une fausse beauté,
Me fassent oublier nos nymphes angevines.
L’angevine douceur, les paroles divines,
L’habit qui ne tient rien de l’impudicité,
La grâce, la jeunesse et la simplicité
Me dégoûtent, Bouju, de ces vieilles Alcines.
Qui les voit par-dehors ne peut rien voir plus beau,
Mais le dedans ressemble au dedans d’un tombeau,
Et si rien entre nous moins honnête se nomme.
Ô quelle gourmandise ! ô quelle pauvreté !
Ô quelle horreur de voir leur immondicité !
C’est vraiment de les voir le salut d’un jeune homme.