Sonnet CXXIX.
Je vois, Dilliers, je vois seréner la tempête,
Je vois le vieux Protée son troupeau renfermer,
Je vois le vert Triton s’égayer sur la mer,
Et vois l’astre jumeau flamboyer sur ma tête :
Là le vent favorable à mon retour s’apprête,
Là vers le front du port je commence à ramer,
Et vois là tant d’amis que ne les puis nommer,
Tendant les bras vers moi, sur le bord faire fête.
Je vois mon grand Ronsard, je le connais d’ici,
Je vois mon cher Morel, et mon Dorat aussi,
Je vois mon de La Haye, et mon Paschal encore :
Et vois un peu plus loin (si je ne suis déçu)
Mon divin Mauléon, duquel, sans l’avoir vu,
La grâce, le savoir et la vertu j’adore.