Joachim du Bellay

Ce rusé Calabrais tout vice, quel qu’il soit

Sonnet XLII.

 
Ce rusé Calabrais tout vice, quel qu’il soit,
Chatouille à son ami, sans épargner personne,
Et faisant rire ceux que même il époinçonne,
Se joue autour du cœur de cil qui le reçoit.
 
Si donc quelque subtil en mes vers aperçoit
Que je morde en riant, pourtant nul ne me donne
Le nom de feint ami vers ceux que j’aiguillonne :
Car qui m’estime tel, lourdement se déçoit.
 
La satire, Dilliers, est un public exemple,
Où, comme en un miroir, l’homme sage contemple
Tout ce qui est en lui ou de laid ou de beau.
 
Nul ne me lise donc, ou qui me voudra lire
Ne se fâche s’il voit, par manière de rire,
Quelque chose du sien portrait en ce tableau.
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