Jean Aicard

Un cimetière.

Au versant d’un coteau, par-dessus des murs bas,
Tout le champ apparaît, et l’on ne croirait pas,
Tant les cyprès (dont bien des bastides sont closes)
Sont charmants, tant la joie éclate dans les choses,
Que ce soit là le sol où les morts sont couchés.
Les cyprès par instants, d’un souffle errant penchés,
Font gaîment remuer les ombres de leurs branches
Sur des pierres qu’un ciel d’azur conserve blanches,
Et les coquelicots foisonnent dans le foin.
Le bois harmonieux du coteau monte au loin,
Et sur la cime on voit les branches remuées
D’un grand chêne accrochant la toison des nuées.
Le cimetière rit, vivace, et, tout autour,
Au pied du bois, d’où sort une effluve d’amour,
Senteurs de romarins, de thyms et d’asphodèles,
Étincelle au soleil un beau champ d’immortelles.

Les Poèmes de Provence (1874)

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