Il penseroso (1858)
#ÉcrivainsFrançais
Vierge au pied leste, Au chant mutin, A la main preste, A l’œil lutin, Au front hautain,
« Détends l’arc, » t’ont dit Ésope Et le grondeur de Sinope ; Si ta tête est en syncope, C’est que l’arc fut trop tendu. Or qui trop fend est fendu,
Flamme Qui tout brûle et dissout ; Lame Qui tout tranche et découd ; Rame
Tout paraît simple à la jeunesse, Tout est facile pour l’espoir ; Que nous avons de peine à voir Nos bornes et notre faiblesse ! Rien n’est impossible à vingt ans.…
Connais-tu ces épis sans grâce, Qui, dans une manche glissés, Par leurs poils revêches hissés, Grimpent d’autant plus qu’on les c… Tels sont, contredisant toujours
Par crainte, erreur ou poésie Nous compliquons tout à plaisir ; Les éclairs de la jalousie, Les prismes de la fantaisie Font tout mal voir et mal saisir :
Pour voir, pour juger, pour sentir Sachons nous mettre au point de vu… Ainsi l’on peut faire sortir De tout quelque grâce imprévue. Sottise, erreur, tort ou bévue,
—Tu veux me comprendre ? C’est bi… Mais le peux-tu ? C’est autre cho… Peux-tu me saisir dans ma cause, Et de mon cœur faire le tien ? Retrouves-tu, par clairvoyance,
En Décembre, au concert, souvenir… J’entendis, comment rendre un pare… La douleur ineffable et gronder et… D’un grand maître germain c’était… La vie intérieure, avec ses grands…
Toujours des mots !—Je veux les c… Toujours des faits !—Je veux les… Toujours les corps !—Je veux l’es… Toujours l’esprit !—Montrez-moi l… L’âme qui pleure ou l’âme qui sour…
Oui, l’Art est grand ! Ses bois s… Te sont ouverts ; courage, adepte… Comme néophyte il t’accepte, Tu peux franchir tous ses degrés. Sa grandeur n’est point dans la po…
Tu sens profondément et le bon et… Et la haine et l’amour, la nature… Et si l’art devant toi les reprodu… Ton âme resplendit comme un soleil… Mais si, clavier muet, tu n’as, jo…
Souffre ! qu’importe Si, dans ton cœur, Cette douleur Un bien apporte ? Divines fleurs
À nos enfants, à nos élèves, À nos amis, à tous pécheurs, Nous voudrions, fougueux prêcheurs… Donner les vertus de nos rêves ; Mais en vain notre voix tonna,
Nous prodiguons au superflu Le temps qui manque au nécessaire… Et le travail qu’il faudrait faire Par notre zèle est seul exclu. Pourquoi donc ? Est-ce humeur lég…