François-Marie Robert-Dutertre

Toujours.

Qui fait naître en mon cœur ces douces harmonies ?
Qui charme ainsi mes sens ? Quels propices génies
M’enlèvent de la terre aux plaines infinies
           Où je découvre un nouveau ciel ?
Les airs ont plus d’azur, l’aurore est plus vermeille,
La brise a des soupirs plus doux à mon oreille
Et mes yeux plus rêveurs suivent la blonde abeille
           Cueillant des parfums pour son miel.
 
Tout s’embellit pour moi, tout change sur la terre
Depuis que mon cœur cache un amoureux mystère
Et que dans mon asile où j’étais solitaire
           Un être est venu me charmer.
Toujours, toujours, son nom dans mon âme résonne ;
Sous son regard brûlant, je pâlis et frissonne...
Ah ! Ma mère, ma mère, à ta fille pardonne
           Mais je ne puis ne pas l’aimer.
 
S’il gémit, tout mon cœur se serre de détresse ;
S’il sourit de bonheur, sa joie est mon ivresse ;
Car j’ai mis tout en lui, peine, amour et tendresse
           Comme au seul espoir de mes jours.
Aussi, lorsqu’il voulut, en retour de sa flamme,
Lier par un serment mon amour qu’il réclame,
Palpitante en ma voix, mais heureuse en mon âme
           Je répondis : « Toujours, toujours. »

Les loisirs lyriques (1866)

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