François-Marie Robert-Dutertre

Le mois de mai.

Lorsqu’Éole a, dans leur caverne,
Renfermé les tristes autans,
Quand l’oiseau qui chez nous hiverne
S’en va regagner ses étangs,
Ô doux printemps, ta jeune épouse,
En souriant à tes amours,
Pour tes pieds nus sur la pelouse
Tisse un vert tapis de velours
 
Le cerf en amour cherche et rôde
A l’entour des fourrés épais ;
Le lézard, couvert d’émeraude,
Au soleil vient dormir en paix ;
Au sein des forêts reverdies
Les nids de mousse et de duvet
Se remplissent de mélodies
Comme Cimarose en rêvait.
 
Sous les amoureuses baleines
Des zéphirs qui rident les flots,
Le muguet au bord des fontaines
Agite ses petits grelots ;
Et pour que, plus belle, elle éclate,
La main d’un sylphe printanier
Viens, dans son corset écarlate,
Lacer la fleur du grenadier.
 
L’eau habille dans les cascades
En faisant tourner les moulins,
Et donne ainsi des sérénades
Aux nymphes des bosquets voisins ;
Et le rêveur qui se promène
Entend parfois le chalumeau
Qui fait, dans un pauvre domaine,
Danser les filles du hameau.

Les loisirs lyriques (1866)

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