François de Malherbe

Épitaphe de mademoiselle de Conti

   (À mademoiselle de Conti, Marie de Bourbon,
Morte douze ou quatorze jours après sa naissance.)
 
                               1610.
 
 
Tu vois, passant, la sépulture
D’un chef-d’œuvre si précieux
Qu’avoir mille rois pour aïeux
Fut le moins de son aventure.
 
Ô quel affront à la nature,
Et quelle injustice des cieux,
Qu’un moment ait fermé les yeux
D’une si belle créature !
 
On doute pour quelle raison
Les destins si hors de saison
De ce monde l’ont appelée ;
 
Mais leur prétexte le plus beau,
C’est que la terre était brûlée
S’ils n’eussent tué ce flambeau.

Poésies livre IV

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