François Coppée

Purgatoire.

J’ai fait ce rêve. J’étais mort.
Une voix dit :—Ton âme impie,
En un très-misérable fort,
Va revivre afin qu’elle expie.
 
Dans le bois qu’octobre jaunit
Et que le vent du nord flagelle,
Deviens le passereau sans nid.
—Merci. Je vais voler vers elle.
 
—Non ! sois plutôt l’arbre isolé
Et, dans l’ouragan qui s’irrite,
Tords ton feuillage échevelé,
—Soit. Il se peut que je l’abrite.
 
—Alors, cœur plein d’amour humain,
Sois le caillou que broie et roule
Le chariot sur un grand chemin.
—Qu’importe ? si son pied me foule.
 
—Insensé, dit enfin la voix
Qui gronda pour cet anathème,
Sois donc homme encore une fois,
Et revis, mais sans qu’elle t’aime !

L’exilée (1877)

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