Charles Guérin

Le vent est doux comme une main de femme

Le vent est doux comme une main de femme,
Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
L’oiseau bleu s’envole et voile sa voix,
Les lys royaux s’effeuillent dans mon âme ;
 
Au clavecin s’alanguissent les gammes,
Le soleil est triste et les cœurs sont froids ;
Le vent est doux comme une main de femme,
Le vent du soir qui coule dans mes doigts.
 
Je suis cet enfant que nul ne réclame,
Qu’une dame pâle aimait autrefois ;
Laissez le soleil mourir sur les toits,
Dormir la mer plus calme, lame à lame...
Le vent est doux comme une main de femme.

Le sang des crépuscules (1895)

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