Charles-Augustin Sainte-Beuve

Quand le Poète en pleurs

Quand le Poète en pleurs, à la main une lyre,
Poursuivant les beautés dont son cœur est épris,
À travers les rochers, les monts, les prés fleuris
Les nuages, les vents, mystérieux empire,
 
S’élance, et plane seul, et qu’il chante et soupire,
La foule en bas souvent, qui veut rire à tout prix,
S’attroupe, et l’accueillant au retour par des cris,
Le montre au doigt ; et tous, pauvre insensé, d’en rire !
 
Mais tous ces cris, Poète, et ces rires d’enfants,
Et ces mépris si doux aux rivaux triomphants,
Que t’importe, si rien n’obscurcit ta pensée,
 
Pure, aussi pure en toi qu’un rayon du matin,
Que la goutte de pleurs qu’une vierge a versée,
Ou la pluie en avril sur la ronce et le thym ?
 
                                       Septembre 1829.

Les consolations (1830)

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