Anna de Noailles Sauter

La chaude chanson

La guitare amoureuse et l’ardente chanson
Pleurent de volupté, de langueur et de force
Sous l’arbre où le soleil dore l’herbe et l’écorce,
Et devant le mur bas et chaud de la maison.
 
Semblables à des fleurs qui tremblent sur leur tige,
Les désirs ondoyants se balancent au vent,
Et l’âme qui s’en vient soupirant et rêvant
Se sent mourir d’espoir, d’attente et de vertige.
 
—Ah ! quelle pâmoison de l’azur tendre et clair !
Respirez bien, mon cœur, dans la chaude rafale,
La musique qui fait le cri vif des cigales,
Et la chanson qui va comme un pollen sur l’air.

Le cœur innombrable (1901)

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