Chrétien, la cloche t’appelle,
Viens donc, viens donc,
Viens prier à la chapelle,
Viens chercher le saint pardon.
C’est pour l’Église romaine
L’instant du deuil et des pleurs,
Que cet instant qui ramène
Aux champs leurs mille couleurs ;
Là, tous les cœurs se découvrent,
Là toutes les fleurs s’entrouvrent,
Le saint temps rend à la fois
Aux autels leurs vives flammes,
Et la prière à nos âmes,
Et les feuilles à nos bois.
Chrétien, la cloche t’appelle,
Viens donc, viens donc,
Viens prier à la chapelle,
Viens chercher le saint pardon.
Aux jours où, plus pur peut-être,
Le zèle est aussi plus prompt,
J’aimais, sous la main du prêtre,
A courber mon jeune front ;
C’est qu’on s’estime à cet âge
Moins, en valant davantage.
Aujourd’hui j’ai pour ma foi
Peur d’une oreille inconnue,
Plus peur d’être seule émue
Des mots descendus sur moi !
Chrétien, la cloche t’appelle,
Viens donc, viens donc,
Viens prier à la chapelle,
Viens chercher le saint pardon.
Doux sont des jours de prière,
De calme et de liberté ;
Mais dans la profonde ornière
Quand le char est arrêté,
Quand du sable et de la boue
Il faut dégager sa roue,
Peut-il, Seigneur, vers les cieux,
Dans une tâche si dure,
Rester à ta créature
Le temps de lever les yeux !...
Chrétien, la cloche t’appelle,
Viens donc, viens donc,
Viens prier à la chapelle,
Viens chercher le saint pardon.
La bouche, qui dès l’aurore
Remplit un pieux devoir,
Muette, se ferme encore
Jusqu’à l’oraison du soir ;
Car, avec le jour qui passe,
Chaque labeur a pris place.
Puissent du moins dans leur cours
Tant de peines enchaînées
Rendre à nos vieilles années
Cette paix des premiers jours !
Chrétien, la cloche t’appelle,
Viens donc, viens donc,
Viens prier à la chapelle,
Viens chercher le saint pardon.