Sur l’azur plus pâle des cieux
Le crépuscule étend son voile,
Des bergers la bleuâtre étoile
Pare son front silencieux.
Des oiseaux le peuple sonore
Suspend ses concerts éclatants,
Seul, un Rossignol chante encore,
De ceux qu’un précoce printemps
Pour nos plaisirs a fait éclore.
Premier né des premiers amours,
Jeune enfant d’un soleil propice,
Qui donc guida ta voix novice
Dans ses mélodieux détours ?
Que dis-je ! As-tu besoin d’un maître ?
Non, non, il t’a suffi de naître.
Semblable aux élus du Seigneur,
Pour chanter tu vins sur la terre,
Sans que ton hymne solitaire
Ait d’autre but que ton bonheur,
D’autre témoin que le mystère.
Mais non ; jaloux d’être écouté,
Tu t’approches de nos demeures,
Et ta timide vanité
S’assure dans l’obscurité,
Compagne nocturne des heures.
Là, si nul bruit n’émeut les airs,
Le chantre de la nuit paisible
Trahit sa présence invisible
Par de mystérieux concerts.
Qu’alors une jeune indiscrète,
Cherchant l’harmonieux chanteur,
Ébranle autour de sa retraite
L’abri d’un rameau protecteur,
Soudain, effarouché, timide,
Déployant son aile rapide,
Il fuit ; et le suivant des yeux
La vierge, à sa place arrêtée
Muette, confuse, attristée,
Pleure long temps de ses adieux !...