Alphonse de Lamartine

Prière de l’indigent

Ô toi dont l’oreille s’incline
Au nid du pauvre passereau,
Au brin d’herbe de la colline
Qui soupire après un peu d’eau ;
 
Providence qui les console,
Toi qui sais de quelle humble main
S’échappe la secrète obole
Dont le pauvre achète son pain ;
 
Toi qui tiens dans ta main diverse
L’abondance et la nudité,
Afin que de leur doux commerce
Naissent justice et charité ;
 
Charge-toi seule, ô Providence,
De connaître nos bienfaiteurs,
Et de puiser leur récompense
Dans les trésors de tes faveurs !
 
Notre cœur, qui pour eux t’implore,
À l’ignorance est condamné ;
Car toujours leur main gauche ignore
Ce que leur main droite a donné.

Troisièmes méditations poétiques (1849)

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