Alfred de Musset

Quand bien même une amère souffrance

Sonnet.
 
Non, quand bien même une amère souffrance
Dans ce cœur mort pourrait se ranimer ;
Non, quand bien même une fleur d’espérance
Sur mon chemin pourrait encor germer ;
 
Quand la pudeur, la grâce et l’innocence
Viendraient en toi me plaindre et me charmer,
Non, chère enfant, si belle d’ignorance,
Je ne saurais, je n’oserais t’aimer.
 
Un jour pourtant il faudra qu’il te vienne
L’instant suprême où l’univers n’est rien.
De mon respect alors qu’il te souvienne !
 
Tu trouveras, dans la joie ou la peine,
Ma triste main pour soutenir la tienne,
Mon triste cœur pour écouter le tien.

Premières poésies (1829)

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