Albert Mérat

Les épaules

La courbe n’eut jamais d’inflexions plus douces,
Excepté quand elle est le sein pur et charmant.
Elles laissent tomber leurs ondes mollement
Dans la succession des lignes sans secousses.
 
Une ombre d’or que font des duvets et des mousses !
A l’aisselle en finit l’épanouissement ;
Et les songes légers qui viennent en aimant
Sur elles vont dormir au bord des tresses rousses.
 
Opulentes, sans rien qui sente la maigreur,
Elles ont, n’étant pas sujettes à l’erreur,
L’impeccabilité de marbre des déesses.
 
Nul voisinage exquis n’est pour elles gênant !
Elles n’ont pas besoin de faire des promesses.
Car elles sont un tout suprême et rayonnant.

L’idole (1869)

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