Caricamento in corso...
Aimé Césaire

Samba

Tout ce qui d’anse s’est agglutiné pour former tes seins toutes les cloches d’hibiscus toutes les huîtres perlières toutes les pistes brouillées qui forment une mangrove
tout ce qu’il y a de soleil en réserve dans les lézards de la sierra tout ce qu’il faut d’iode pour faire un jour marin tout ce qu’il faut de nacre pour dessiner un bruit de conque
sous-marine
Si tu voulais
 
les tétrodons à la dérive iraient se donnant la main
Si tu voulais
 
tout le long du jour les péronias de leurs queues feraient des routes et les évêques seraient si rares qu’on ne serait pas surpris d’apprendre qu’ils ont été
avalés par les crosses des trichomans
Si tu voulais
 
la force psychique
 
assurerait toute seule la nuit d’un balisage d’araras
Si tu voulais
 
dans les faubourgs qui furent pauvres les norias remonteraient avec dans les godets le parfum des bruits les plus neufs dont se grise la terre dans ses plis infernaux
Si tu voulais
 
les fauves boiraient aux fontaines
 
et dans nos têtes
 
les patries de terre violente
 
tendraient comme un doigt aux oiseaux l’allure sans
 
secousse des hauts mélèzes

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