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Aimé Césaire

Conspiration

les pierres leur furent sans mœlle prison d’escargots et passion de pagures les insectes au bâillon cervelle brûlée dans le creux des métaux.
 
prirent en haine leur démon
 
troquèrent contre muids fades sans toxines
 
les pieuvres de leur sang et leurs tendres bras longs.
 
dénoncèrent les pactes même les plus millénaires cependant que s’installa le crémeux sourire blanc.
 
qui, qui donc envoyait le grand froid, loas ?
 
celui du sexe, celui de l’arbre à pain et de la pierre
 
et de la sève qui fut jadis rouissage de colibris ?
 
en tout cas, je suis, moi, de la plus longue marche
 
et je ne déteste pas qu’on se le redise
 
j’ai noué contre la toute-puissante glaciation
 
la conspiration avouée
 
de l’ours noir et de l’albatros des
Galapagos
 
du manate et de l’agami trompette, de l’eau de mer
 
et des cratères
 
exarque des avalanches j’ai convoqué pour toutes utiles
 
représailles
 
pour le rebrousse-temps et le rebrousse-sang
 
tous les réchauffeurs solaires rolliers et tisserins.
 
quant au sang qui est de mèche
 
nous prendrons par les bédières
 
et nous passerons au col du
Désastre
 
–impudence et virulence – les mots lassos
 
on a souvent vu une giclée d’eau vivante faire tomber la tête de la
Bête.
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