Charmante lyre,
Où l’amitié grava mon nom,
Dieux ! Quel transport divin m’inspire !
Oui, tu m’apportes d’Apollon
L’heureux délire.
Divine lyre,
Couronne-toi d’un myrte heureux.
Du dieu des vers je sens l’empire,
Et des muses, des ris, des jeux
L’heureux délire.
Brillante lyre,
Fille aimable du dieu du jour,
Vénus à mes chants va sourire ;
Je vais moduler de l’amour
Tendre délire.
Aimable lyre,
D’Anacréon peins-nous les jeux :
Sous mes doigts frémis et soupire ;
Rends-nous de ses vers amoureux
L’heureux délire.
Viens, ô ma lyre,
Pindare nous enlève aux cieux ;
Il tonne, il éclate, il m’inspire,
Dans ses transports audacieux
Fougueux délire.
Brûlante lyre,
De Sapho conserve les pleurs ;
Peins-nous ses feux et son martyre,
Porte avec eux dans tous les cœurs
Brûlant délire.
Ma voix expire :
Quel froid vient glacer mon esprit ?
De mes doigts s’échappe ma lyre ;
J’entends la raison qui me dit :
Point de délire.
Que son empire
A la folie accorde un jour ;
Reviens, reviens, volage lyre ;
Nous allons la mettre à son tour
Dans le délire.
Joyeuse lyre,
Noyons-la dans ce jus divin.
Que Bacchus un moment t’inspire ;
Prenons, avec la coupe en main,
Joyeux délire.