Victoire Babois

À mon père qui vient de perdre sa mère.

             Le jour de sa fête
 
Dans un deuil que mon cœur révère,
Pour ta fête en ce jour, ô mon vertueux père !
Je n’offre point des fleurs : hélas ! Du noir cyprès
La rose pour tes yeux serait encore trop près.
Mais d’un cœur plein d’amour et de reconnaissance
Reçois les tendres vœux, et, pour sa récompense,
En partageant tes maux, puisse-t-il les calmer !
Heureuse de mes soins, puisse toute ma vie
S’écouler doucement, sans aucune autre envie
Que d’être auprès de toi, te servir et t’aimer !
Je te dois les talents qui parent ma jeunesse :
Laisse ces dons heureux que me fasse ton amour,
Cultivés pour toi seul, accrus par ma tendresse,
Des roses du printemps couronner ta vieillesse.
Qu’ils me deviendraient chers si par eux, chaque jour,
Je pouvais à mon gré, loin d’un monde frivole,
Pénétrer dans ton âme et charmer ta douleur !
Ô mon père ! Le sort a déchiré-ton cœur :
               Que la nature le console !

Élégies et poésies diverses (1828)

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