Tristan Corbière

Hidalgo

Ils sont fiers ceux-là !... comme poux sur la gale !
C’est à la don-juan qu’ils vous font votre malle.
Ils ne sentent pas bon, mais ils fleurent le preux :
Valeureux vauriens, crétins chevalereux !
Prenant sans demander – toujours suant la race, –
Et demandant un sol, – mais toujours pleins de grâce...
 
Là, j’ai fait le croquis d’un mendiant à cheval :
–Le Cid... un cid par un été de carnaval :
 
–Je cheminais – à pied – traînant une compagne ;
Le soleil craquelait la route en blanc-d’Espagne ;
Et le cid fut sur nous en un temps de galop...
Là, me pressant entre le mur et le garrot :
–Ah ! seigneur Cavalier, d’honneur ! sur ma parole !
Je mendie à genoux : un oignon... une obole ?... –
(Et son cheval paissait mon col.) – Pauvre animal,
Il vous aime déjà ! Ne prenez pas à mal...
–Au large ! – Oh ! mais : au moins votre bout de cigare ?...
La Vierge vous le rende. – Allons : au large ! ou : gare !
(Son pied nu prenait ma poche en étrier.)
–Pitié pour un infirme, ô seigneur-cavalier...
–Tiens donc un sou... – Señor, que jamais je n’oublie
Votre Grâce ! Pardon, je vous ai retardé...
Señora : Merci, toi ! pour être si jolie...
Ma Jolie, et : Merci pour m’avoir regardé !
 
                                     Cosas de España.
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