Et des bords de l’océan à ceux de la
Méditerranée déferla
une marée d’incendies, de fumées et de sang
Feu et sang
Ils se levèrent tous dans les villes et dans les hameaux
au flanc rocailleux des montagnes décharnées tels des
morts
Feu et sang et mort
Ils se battirent et ce nom seul
Liberté
Surnageait dans le bruit des batailles poussé par l’élite
et la fleur de la jeunesse du monde, de la libre jeunesse
du monde ami du
Mexique,
Tata
Nacho n’est-ce pas que nous
sommes coude à coude avec l’Espagne ami de
Russie,
Eisenstein
Tous cœur à cœur avec l’Espagne
amis des États-Unis
Hemingway,
Dos
Passos
et toi
Shipman plus ardent que nul autre
ami du
Chili
Cotapos toi le plus joyeux de tous
ami du
Guatemala,
Asturias tout ironie et sentiment
ami de
Cuba
Félix de
Castro la flamme et sa chaleur
amis, amis de tous pays
Tous cœur à cœur avec l’Espagne
ami de
Norvège,
Per
Krohg la loyauté, la droiture et le
courage œil à œil, cœur à cœur avec l’Espagne qui triomphe à l’heure où j’écris ces lignes ami des
Indes,
Charles
Baron, trop tendre trop amical ami par le foie rougi d’alcool et la foi rougie de doute, mais dans la main de nos frères espagnols ami du
Japon, le seul peut-être
Takasaki, grands yeux ouverts, bouche maladroite yeux désormais fermés, bouche close,
Takasaki, mort depuis des années tu serais avec nous pour l’Espagne
Pour l’Espagne
Républicaine.