Marceline Desbordes-Valmore

Le regard

Cache-moi ton regard plein d’âme et de tristesse,
Dont la langueur brûlante affaiblit ma raison ;
De l’amour qu’il révèle il m’apprendrait l’ivresse ;
Pour les infortunés son charme est un poison.
 
Lèves-tu sur mes yeux ta paupière tremblante,
C’est le ciel qui s’entr’ouvre et sourit au malheur ;
C’est un rayon divin, une étoile brillante,
Qui perce la nuit sombre où gémissait mon cœur.
 
Oui, la douleur s’envole ; et mon âme ravie
Suit la douce clarté qui ne peut m’éblouir.
Éviter ton regard, c’est repousser la vie ;
Attache-le sur moi, je ne puis plus le fuir.

Romances (1830)

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