Beau fantôme de l’innocence,
Vêtu de fleurs,
Toi qui gardes sous ta puissance
Une âme en pleurs !
Ô toi qui devanças nos hontes
Et nos revers,
Es-tu si grand que tu surmontes
Tout l’univers !
Le reste, comme la poussière,
S’est envolé,
Devant le feu de ma paupière
Tout s’est voilé,
Tout s’est enfui, flamme et fumée,
Tout est au vent ;
Toi seul sur mon âme enfermée
Planes souvent.
Pour courir à ta voix qui crie :
« Éternité ! »
Pour monter à Dieu que je prie,
J’ai tout jeté.
La nuit, pour chasser un mensonge
Qui me fait peur,
Ta main, plus forte que le songe,
Étreint mon coeur.
Quelle absence est assez profonde
Pour te braver,
Quand ton regard perce le monde
Pour nous trouver ?
De mon âme ont jailli des âmes
Dignes de toi :
Au milieu de ces pures flammes,
Ressaisis-moi !
Beau fantôme de l’innocence
Vêtu de fleurs,
Oh ! Garde bien en ta puissance
Notre âme en pleurs.