Louise Labé

Tout aussitôt que je commence à prendre...

 
Tout aussitôt que je commence à prendre
Dans le mol lit le repos désiré,
Mon triste esprit, hors de moi retiré,
S’en va vers toi incontinent se rendre.
 
Lors m’est avis que dedans mon sein tendre
Je tiens le bien où j’ai tant aspiré,
Et pour lequel j’ai si haut soupiré
Que de sanglots ai souvent cuidé fendre.
 
Ô doux sommeil, ô nuit à moi heureuse !
Plaisant repos plein de tanquillité,
Continuez toutes les nuits mon songe ;
 
Et si jamais ma pauvre âme amoureuse
Ne doit avoir de bien en vérité,
Faites au moins qu’elle en ait en mensonge.
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