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Louisa Siefert

Soleil d’hiver

Hélas ! hier encor sur mon front, sur ma lèvre,
Sont venus se poser la joie & le plaisir,
J’ai ri comme une folle... aujourd’hui j’ai la fièvre,
Car ma porte est fermée & j’en ai le loisir.
 
O pauvre humanité ! J’ai pitié de moi-même
Quand mon masque s’en va décollé par mes pleurs
Et qu’apparaît, meurtri, consumé, maigre, blême,
Mon visage, dont tous admiraient les couleurs.
 
—Nous sommes en janvier : le ciel, d’un azur tendre,
Réfléchit sa splendeur dans les flots clapotants ;
Le vent est si léger qu’à peine on peut l’entendre,
Le soleil est si doux qu’on dirait le printemps.
 
Mais, comme ces rayons à la nature morte
Se prodiguent en vain & ne fécondent rien,
Dans mon âme, la peine est aussi la plus forte :
Mon rire est un mensonge, & l’amour le sait bien !
 

Janvier 18...

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