Dans ce monde, aujourd’hui, nous sommes tous reliés,

Convaincus de tout savoir, prétendant tout juger.

Nos pensées deviennent loi, vérité proclamée,

Et nos certitudes, partout, ne cessent de résonner.

“ Ils ont tort ”, disons-nous, “ ils ne savent pas ”.

J’ai beau démontrer, leurs oreilles se ferment.

J’essaie de les convaincre, de leur tendre mon émoi,

Si seulement ils voyaient, ils porteraient mon emblème.

Je parle, je dis, je décris, je propage, je m’exclame,

Mais nul ne m’écoute—pourtant ce que je dis est une flamme.

Ce que je dis est vital, un appel pour sauver nos âmes,

Je dois imposer cette vérité... si profondément infâme ?

Tout ce que je dis est vrai. J’ai absolument raison.

Ah, mais... c’est vrai... au fond, qui suis-je ? Lui, elle... vous ?

Qui proclame cette vérité, cette unique leçon ?

Et si, en vérité, c’est nous qui propageons le flou ?

Personne ? Une personne ? Cette personne ? Toute personne ?

Mais si tout le monde a tort... et raison à la fois ?

Cette vérité, cette certitude, cette vision qu’on donne

N’est-elle que le reflet... de leur monde, et pas du moi ?