(Pour un ami qui publiait une édition de ce poète.)
À toi, Ronsard, à toi, qu’un sort injurieux
Depuis deux siècles livre aux mépris de l’histoire,
J’élève de mes mains l’autel expiatoire
Qui te purifiera d’un arrêt odieux.
Non que j’espère encore, au trône radieux
D’où jadis tu régnais, replacer ta mémoire ;
Tu ne peux de si bas remonter à la gloire ;
Vulcain impunément ne tomba point des cieux.
Mais qu’un peu de pitié console enfin tes mânes ;
Que, déchiré longtemps par des rires profanes,
Ton nom, d’abord fameux, recouvre un peu d’honneur ;
Qu’on dise : il osa trop, mais l’audace était belle ;
Il lassa sans la vaincre une langue rebelle,
Et de moins grands, depuis, eurent plus de bonheur.