La mort... certes, mais la ma-mort... c'est autre chose
La mort... certes, mais la ma-mort... c’est autre chose.
Il me semble que ma mort n’est ni le but, ni la finalité de ma vie. Ce n’est que son aboutissement logique, et tout homme moral devrait voir sa mort comme un affront : " Dieu m’a fait libre d’aimer, en me contraignant à la finitude ! Douloureux paradoxe !" Ma mort, ce n’est rien d’autre que la condition de mon existence ; sans elle je n’aurais pas, en tant qu’être-jeté-au-monde, de temporalité. Je serais en ce sens Dieu : présence pure et absolue, sans cause ni devenir. Ma mort, c’est l’homme. Car “ l’animal est rivé au piquet de l’instant ”, dit Nietzsche ; tandis que l’homme, dans son authenticité, ontologiquement, est projet. Je dis authentiquement, car son être se décharge de lui-même dans le “ on ” parfois : je veux dire qu’il se débarasse de ma-mort.
Dignité du “ Dasein ” Heideggerien, l’être-vers-la-mort est une des modalités de l’authenticité. Et donc, en tant qu’avancée perpétuelle devant moi-même, je suis convié à penser ma-mort comme complice de ma vie d’homme libre. L’angoisse est normale (pas la peur, qui est celle de la douleur et du décès) puisqu’elle prend pour objet la perte de mon " être-là ". Car je me situe moi-même dans le présent, alors que la bête y est enchaînée. Elle a peur. J’angoisse.
Sans ma mort, qu’il faut donc distinguer du décès, pur évènement empirique, je ne serais pas homme au sens où ni le passé, ni le futur ne seraient pensables. " Si la mort n’avait que des mauvais côtés, mourir serait un acte impratiquable ", disait Cioran...