Andromède, au matin, sur la plage, a donné
Rendez-vous à tous ceux qui veulent se baigner
Dans la mer fraîche éclose, enceinte de lumière.
L’étoile brille encor, qu’arrive, la première,
Rosemonde aux beaux seins qui, seule, se dévêt
Et livre son corps nu, que roussit le duvet,
Aux dernières lueurs de la nuit, aux prémices
De l’aube qui se dresse au fond des précipices.
Sabine la rejoint, tige en fleur qui jaillit
D’un flot de linge, par le vent frais assailli.
Une neige d’écume éclabousse leurs cuisses
Et la première vague attache, par malice,
Une ceinture d’algue à ces corps qu’embellit
Le reflet d’une étoile et la langueur du lit.
Les astres dans le ciel grandissent et déclinent,
La neige sur les monts, à la fois, s’illumine
Des feux, naissants, du jour et, mourants, de la nuit
Dans le sentier, bordé de genêt et de buis,
Hyppolite paraît qui, tandis qu’elle avance,
Se déshabille et jette, en figures de danse,
La robe et la chemise et le court pantalon.
Ils flottent, un instant, au-dessus des buissons,
Dans le vent, puis, soudain, s’accrochent et fleurissent,
Fleurs d’étoffe, bouquets qui, vers la donatrice,
Exhalent des parfums de chair dans ceux du sol.
Ainsi, durant le jour, tourne le tournesol
Vers l’astre dont il est le sujet et l’image.
Hyppolite, à son tour, dans la mer plonge et nage
Et l’on connaît, enfin, la présence du jour
A la blancheur du linge, aux chants des basses-cours,
A l’envol des oiseaux, à l’éclat des nuages,
Au divorce de l’eau, du ciel et du rivage.
Par quel chemin vint-ell ?
Andromède, soudain,
Est présente et se livre à la douceur du bain.
Elle nage.
On peut suivre, encore, son sillage
Entre son corps doré et le bord de la plage.
Et ce sont des envols de bras, par-dessus l’eau,
Des battements de pieds et des éclairs de peau,
Des rires, des appels dans les éclaboussures,
Des cuisses se fermant et s’ouvrant, en mesure,
Ou, parfois, la baigneuse étendue, sur le dos,
Et se cambrant, plus souple et plus léger fardeau,
Un triangle mouillé, brillant et symétrique
A celui d’un oiseau qui vole sur la crique.
Une croupe à méplats s’illumine et surgit
Quand la baigneuse plonge et cherche, en leur logis,
L’étoile ou le galet, l’algue ou le coquillage.
L’étoile ?
Mais le ciel est clair !
Quelque mirage
Métamorphose en flamme un vol de goélands,
En saveur de baisers l’air et ses parfums lents.
Qu’un pied se marque, ici dans l’épaisseur du sable,
Le soleil séchera cette empreinte et sa fable.