Nérée Beauchemin

Primeroses

Ces délicieuses fleurs roses,
Grandes ouvertes ou mi-closes,
Me soufflent de tant douces choses
Et fleurent si frais et si doux,
Que, bien sûr, et corolle et tige,
Recèlent par quelque prodige,
Quelque chose qui vient de vous.
 
Troublant et capiteux arôme !
Mon cœur, comme l’air s’en embaume,
Et, grise, je pars au royaume
Du rêve, où mes espoirs défunts,
Où mes illusions dernières,
Comme ces roses printanières,
Ont vécu leurs premiers parfums.

Les floraisons matutinales (1897)

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