François Coppée

Au lion de Belfort.

Si je gravais des vers sur ton socle de pierre,
Certes, j’exalterais tes combats glorieux,
Ô monstre colossal, qui, seul victorieux,
Seul peux montrer les crocs et froncer la paupière.
 
Je dirais qu’on t’a vu, jusqu’à l’heure dernière,
Fauve géant, qui fus digne des fiers aïeux,
 
Rejeter loin de toi, sanglant et furieux,
L’assaut des cent chacals pendus à ta crinière.
 
Mais. je voudrais encore ajouter : Grand lion,
Symbole de colère et de rébellion,
D’un moins sombre avenir tu nous es l’assurance.
 
Attends, sois, comme tous, patient et muet ;
Mais, si la haine sainte en nous diminuait,
Rugis pour rappeler son devoir à la France !

Le cahier rouge (1892)

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