André Lemoyne

À Saint-Georges-sur-Mer

                     À Gabriel Audiat.
 
 
Pourquoi donc m’en irais-je aux pays transalpins,
Quand tout charme les yeux dans ma forêt de pins ?
 
Pourquoi fuir en ingrat cet heureux coin du monde
Où le vieil Océan épouse la Gironde ;
 
Où sur des sables fins le flot vert s’effrangeant
Jusqu’à mes pieds déroule un grand ourlet d’argent ?
 
Là j’aime à respirer le parfum de résine
Se mêlant aux sels purs de la brise marine ;
 
Sous le tranquille abri des hauts pins murmurants
J’aime à voir s’effacer les navires errants.
 
La marjolaine en fleur et les oeillets sauvages
Aux marins qui s’en vont parlent de nos rivages.
 
Le soir, quand à son nid d’amour l’oiseau revient,
J’écoute un cœur qui bat à l’unisson du mien.

Chansons des nids et des berceaux (1896)

#ÉcrivainsFrançais

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