I
D’une branche neigeuse à l’autre, de ces années
Qui ont passé sans qu’aucun vent n’effraie leurs feuilles,
Se font des éparpillements de la lumière
À des moments, comme nous avançons dans ce silence.
Et cette poudre ne retombe qu’infinie,
Nous ne savons plus bien si un monde existe
Encore, ou si nous recueillons sur nos mains mouillées
Un cristal de réalité parfaitement pure.
Couleurs avec le froid plus denses, bleus et pourpres
Qui appelez de plus loin que le fruit, Êtes-vous notre rêve qui moins s’efface
Qu’il ne se fait la prescience et la voie ?
Le ciel a bien lui-même ces nuées
Dont l’évidence est fille de la neige,
Et si nous nous tournons vers la route blanche,
C’est la même lumière et la même paix.
II
Sauf, c’est vrai, que le monde n’a d’images
Que semblables aux fleurs qui trouent la neige
En mars, puis se répandent, toutes parées,
Dans notre rêverie d’un jour de fête,
Et qu’on se penche là, pour emporter
Des brassées de leur joie dans notre vie,
Bientôt les voici mortes, non tant dans l’ombre
De leur couleur fanée que dans nos cœurs.
Ardue est la beauté, presque une énigme,
Et toujours à recommencer l’apprentissage
De son vrai sens au flanc du pré en fleurs
Que couvrent par endroits des plaques de neige.