Victor Hugo

Que le sort, quel qu’il soit..

Que le sort, quel qu’il soit, vous trouve toujours grande !
             Que demain soit doux comme hier !
Qu’en vous, ô ma beauté, jamais ne se répande
             Le découragement amer,
Ni le fiel, ni l’ennui des coeurs qui se dénouent,
Ni cette cendre, hélas ! que sur un front pâli,
             Dans l’ombre, à petit bruit secouent
             Les froides ailes de l’oubli !
 
Laissez, laissez brûler pour vous, ô vous que j’aime !
             Mes chants dans mon âme allumés !
Vivez pour la nature, et le ciel, et moi-même !
             Après avoir souffert, aimez !
Laissez entrer en vous, après nos deuils funèbres,
L’aube, fille des nuits, l’amour, fils des douleurs,
             Tout ce qui luit dans les ténèbres,
             Tout ce qui sourit dans les pleurs !
 
Octobre 18...

Les contemplations (1856)

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