Victoire, ami ! je dépêche
En hâte et de grand matin
Une strophe toute fraîche
Pour crier le bulletin.
J’embouche sur la montagne
La trompette aux longs éclats ;
Sachez que le printemps gagne
La bataille des lilas.
Jeanne met dans sa pantoufle
Son pied qui n’est plus frileux ;
Et voici qu’un vaste souffle
Emplit les abîmes bleus.
L’oiseau chante, l’agneau broute ;
Mai, poussant des cris railleurs,
Crible l’hiver en déroute
D’une mitraille de fleurs.